Privatisation de l’Aéroport de Nice : Gare à l’atterrissage !

La privatisation de l’Aéroport de Nice est maintenant, hélas, « dans les tuyaux », avec une vente prochaine par l’Etat de l’ordre de 60% du capital.

Avec un trafic de plus de 11 millions de passagers en 2014, l’Aéroport est valorisé à plus de 1,5 milliards d’euros. Prix qui pourrait aller bien au-delà si l’Etat se contente de faire monter les enchères entre les prétendants ! La question va bien au-delà de savoir si un groupe turc sera ou pas dans les offreurs retenus en compétition. Un an après la privatisation de son aéroport, il est en effet instructif de regarder ce qui se passe à Toulouse.

Ô Toulouse !

C’est en effet la guerre presque ouverte entre le groupe chinois Casil, devenu actionnaire à 49,9%, et les collectivités locales (restées actionnaires à 40%).

La société aéroportuaire avait l’habitude dans le passé de mettre en réserve de l’ordre de 50% de son résultat net chaque année, améliorant ses fonds propres et sa capacité d’autofinancement des investissements. Cette année, première année de la privatisation, sous la pression du nouvel actionnaire, les 4,9 millions de bénéfices annuels seront intégralement distribués aux actionnaires sous forme de dividendes !

Pire, le groupe Casil, pressé de rentrer dans ses fonds, après avoir déboursé 308 millions d’euros pour acheter ses parts, voudraient mettre la main sur les 60 millions de fonds de réserves de l’aéroport, cagnotte constituée au fil de son histoire. Les collectivités locales s’y opposent, mais combien de temps pourront-elles résister à la pression des nouveaux rapaces ?

Un aéroport averti en vaut deux ! La privatisation, ce n’est pas seulement un changement du nom de l’actionnaire, c’est un changement de logique où l’intérêt général et collectif compte peu !

Jean-Paul Duparc

Directeur du Patriote Côte d'Azur