Le 2 mars à Nice, un rassemblement en soutien des communistes polonais !
Bien qu'ayant été acquitté un an auparavant, le comité de rédaction de Brzask, mensuel du KPP*, est encore poursuivi en appel à partir du 3 mars par les autorités polonaises qui cherchent à strictement interdire l'expression des idées communistes sous l’accusation-prétexte, et c’est le comble pour ce gouvernement, de promotion du totalitarisme. Ce procès politique se déroule dans le silence assourdissant des chancelleries des autres pays membres de l’UE.
Si l’on se réfère au dernier numéro de Brzask, on trouvera des articles sur l’accroissement des inégalités dans le monde telles que révélées et étudiées par Oxfam, un autre article sur les 75 ans de la libération d’Auschwitz, un troisième contestant le projet de loi d’étendre les droits des chasseurs en Pologne… C’est en vain que l’on cherchera une quelconque apologie de l’autoritarisme et de la dictature. Bien au contraire, ce journal est un ilot de résistance dans l’effritement de l’Etat de droit en Pologne.
Ce soutien à nos camarades s'inscrivait également dans le contexte inquiétant du recul des droits des femmes sans précédent dans ce pays. Elles connaissent la législation parmi les plus dures contre l'avortement. En 2016, le gouvernement a même voulu enlever un des rares cas où l'avortement est permis c'est à dire les graves malformations du fœtus (94% des avortements aujourd'hui pratiqués en Pologne) y compris si cela doit amener à la naissance d'un enfant mort-né où qui décèdera quelques minutes après sa naissance (les autres cas où l'avortement est légal sont le viol, l'inceste et le risque vital pour la mère ) Un des arguments du pouvoir a même été de dire qu'il fallait permettre à ces enfants d'être baptisés avant leurs décès ! Heureusement la forte mobilisation des femmes polonaises a fait reculer le gouvernement, mais de fait aujourd’hui, il est quasi impossible d'avorter légalement en Pologne, les médecins pouvant signer une clause de conscience qui leur permettent non seulement de ne pas pratiquer l'avortement mais également de ne pas indiquer aux femmes les moyens où les lieux où elles peuvent le faire. Souvent ce sont la totalité des praticiens des établissements qui ont signé cette clause de conscience et dans des régions entières il est, de fait, impossible de pratiquer un avortement légal.
La question du traitement des homosexuels également est catastrophique. Lors de la conférence intitulée «Être Polonais - l'honneur et le devoir», Jaroslaw Kaczynski, (leader du PiS**), a identifié une série de phénomènes qui, selon lui, menacent la Pologne, dont : «une attaque contre la famille et les enfants, le mouvement LGBT et le mouvement gender», en référence aux études de genre qui explorent les rôles sociaux liés au sexe et que l'Église de Pologne perçoit comme « opposées aux rôles traditionnels de l'homme et de la femme ». En 2019, 87 provinces, comtés et municipalités polonaises se sont déclarées « libérées de l’idéologie LGBT" encourageant les élus « à s’abstenir de toute action visant à encourager la tolérance à l’égard des personnes LGBT+ et à ne pas fournir d’aide financière aux ONG qui œuvrent en faveur de l’égalité des droits ».
Rappelons enfin les réécritures de l'histoire, que l'anticommunisme du gouvernement actuel s'accompagne de positionnements clairement négationnistes et antisémites Il est désormais interdit en Pologne d'évoquer le rôle de polonais dans l'extermination des juifs et la collaboration avec les nazis alors que l'on sait que ces phénomènes ont été massifs comme l’attestent les travaux de nombreux historiens qu’ils soient français, allemands ou polonais. Ainsi l’on détruit les monuments de la victoire sur le nazisme, on détruit également il y a quelques mois à Wroclaw le monument que les réfugiés grecs en Pologne avaient édifié en l’honneur du résistant grec Nikos Beloyannis, qui avaient combattu les troupes mussoliniennes, hitlériennes ainsi que les fascistes grecs avant son arrestation et sa mort en prison.
La haine du PiS pour la période de la Pologne populaire n’est d’ailleurs pas à détacher de leur antisémitisme, car l’on sait que nombreux furent les juifs qui contribuèrent à la reconstruction de la Pologne après-guerre dans les rangs du PZPR*** ou à ses côtés.
Notre acte de solidarité avec les communistes opprimés, doit mettre en lumière l'attaque constante du gouvernement polonais contre l'ensemble des libertés individuelles et collectives en contradiction avec la constitution de ce pays qui assure la liberté d'opinion, de conscience et d'organisation et niant également les valeurs que la Pologne s'est engagée à respecter en adhérant à l'Union Européenne.
Philippe Pellegrini
Secrétaire de la Section de Nice du PCF
Co-secrétaire départemental du PCF 06
*KPP : Parti Communiste Polonais
**PiS : Droit et Justice, extrême droite ultra-catholique, au pouvoir depuis 2015
***PZPR : Parti Ouvrier Unifié de Pologne, parti dirigeant de la République populaire de Pologne de 1948 à 1989