Une sélection à l’université qui ne dit pas son nom
Ce lundi 30 octobre, le gouvernement a présenté les 20 mesures de son « Plan Étudiants ».
Si la fin de l’injustice de l’affectation des étudiants par tirage au sort est une bonne nouvelle, ce plan introduit sans le dire la possibilité d’une sélection à l’université et remet donc en cause l’accès libre et universel aux études supérieures de son choix.
Pour l’Enseignement supérieur comme pour le reste, la méthode Macron est de ne jamais assumer ses responsabilités. En rendant possible la sélection à la carte selon les établissements, sans donner aux universités les moyens nécessaires pour accueillir tous les étudiants, le gouvernement veut faire jouer le mauvais rôle du « sélectionneur » aux universités. Pis, en avançant l’argument que tout le monde ne pourrait pas réussir, le gouvernement assume son renoncement à sa mission d’éducation de l’ensemble de la jeunesse, au fondement même de notre modèle démocratique.
Le gouvernement veut faire croire que tous les problèmes relevaient d’APB quand il manque 3 milliards d’euros pour un fonctionnement normal des universités.
Les préconisations de la STRANES (Stratégie nationale pour l’Enseignement supérieur) elle- même chiffraient à 5 milliards en 5 ans les besoins d’investissement avec l’arrivée d’au moins 350 000 étudiants supplémentaires d’ici 2025, quand le gouvernement parle d’un « plan » à 950 millions. Pour la dixième année consécutive pourtant, la dépense par étudiant diminue, soit une baisse de 10% en une décennie. Le cycle de Licence, à la fois le plus ouvert et le plus concerné par l’échec universitaire, fait l’objet d’un investissement de seulement 4 millions d’euros alors que 40 000 nouveaux bacheliers se sont inscrits en septembre.
Le Premier Ministre dit vouloir augmenter le pouvoir d’achat des étudiants quand il vient de baisser leur APL de 5 € et de diminuer le budget des aides sociales étudiantes. Pas un mot hier sur la précarité étudiante, qui fait qu’un étudiant sur quatre vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté et que la moitié se retrouve dans l’obligation de se salarier.
Les sénatrices et sénateurs du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste se battront contre ce « Plan étudiants » qui poursuit les choix politiques concernant l’enseignement supérieur menés depuis dix ans : la mise en concurrence des étudiants et l’asphyxie financière des établissements publics d’enseignement supérieur.
Les sénatrices et sénateurs du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste rappellent leur engagement dans le combat pour un réinvestissement massif dans l’enseignement supérieur, comme ils l’ont par exemple fait lors du dépôt et de la mise en débat d’une proposition de résolution visant à consacrer 2% du PIB à l’enseignement supérieur, dont les dépenses seraient sorties du calcul des déficits publics.