Le paradis fiscal pour les 0.01% de l’humanité c’est l’enfer fiscal pour tous les autres, soit 99.99% des humains - Billet d’Eric Bocquet, sénateur PCF du Nord
Je me permets de modifier légèrement cette citation extraite du « Huis clos » de Jean-Paul Sartre, « L’enfer, c’est les autres » pour donner un titre au billet de la semaine. L’actualité aurait dû naturellement m’amener à évoquer ce nouveau scandale de l’évasion fiscale révélé cette semaine dans le cadre des « Paradise papers ». Nous ferons le choix d’aborder l’autre face de ce monde déséquilibré où la finance débridée entraîne des dégâts humains et sociaux considérables.
Le paradis fiscal pour les 0.01% de l’humanité c’est l’enfer fiscal pour tous les autres, soit 99.99% des humains.
Dans le cadre de la mission que je suis chaque année, pour la Commission des Finances du Sénat en tant que rapporteur spécial (Solidarité, insertion, égalité des chances), j’ai été amené à auditionner ceux que l’on appelle les acteurs de la solidarité. C’est le programme 304 de cette mission qui porte sur la question de l’aide alimentaire, il s’agit d’un budget de 51.9 millions d’euros, à noter que cette hausse de 17.6% correspond à la contribution complémentaire de 10.6 millions d’euros permettant de financer les moindres remboursements de la part européenne du FEAD (Fonds Européen d’Aide aux plus Démunis), liés à des irrégularités constatées par la Commission Européenne dans la gestion des campagnes 2014 et 2015.
Or, cette contribution, l’aide relative à l’aide alimentaire, diminue de 2.8 millions d’euros entre 2017 et 2018. Nous avons ainsi rencontré des responsables des Banques alimentaires au nombre de 79 en France, distribuant 110 000 tonnes de denrées et 212 millions de repas sur l’année, ce sont 6000 bénévoles et 496 salariés dont 50% en contrats aidés. Pour les Restau du Cœur on dénombre 135 millions de repas servis… et si tout ce réseau n’existait pas ? On peut se poser la question. Ces associations subissent de plein fouet les mesures du Budget 2018, réduction des contrats aidés, 700 000 euros de moins par suppression de la réserve parlementaire. On comprend un peu mieux que le « S » de ISF signifiait SOLIDARITE.
Oui, ce monde-là c’est l’autre pôle de la société, et parfois, effectivement, c’est l’enfer !