1947 - 1967 - 2017. Maintenant, la Palestine...
Par Patrick Le Hyaric, directeur de l'Humanité. « Ne pas intervenir reviendrait à abandonner plus encore le peuple palestinien. »
Au terme de la conférence internationale du 15 janvier, dont elle a pris l’initiative, la France se doit, comme l’ont fait 137 autres États, de reconnaître l’État de Palestine. Nos amis palestiniens espèrent beaucoup de ce forum international qui comptera plus de pays participants qu’en juin dernier. C’est une petite flamme d’espoir au milieu de tant de bourrasques et d’orages. Avec le vote de la résolution 2334 du Conseil de sécurité de l’ONU, elle peut constituer un nouveau point d’appui pour tous les démocrates, les humanistes, les hommes et les femmes de raison qui ont fait leur le projet de 1967 : deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité avec Jérusalem-Est comme capitale.
Ne pas intervenir reviendrait à abandonner plus encore le peuple palestinien, chaque jour victime du vol de ses terres, de son eau, de ses logements, de la mainmise sur Jérusalem, et de l’état de siège permanent sur Gaza de la part du gouvernement réactionnaire et ultranationaliste qui siège à Tel-Aviv. Ce dernier mise d’ailleurs publiquement sur l’échec de la conférence de Paris. La résolution 2334 est la 226e du Conseil de sécurité réaffirmant les droits des deux peuples israélien et palestinien à disposer d’un État, et condamnant la colonisation. Malgré celles-ci, l’occupation n’a cessé de s’amplifier, jusqu’à atteindre le chiffre de 430 000 colons en Cisjordanie. Et voici que le Parlement israélien discute de la possibilité de régulariser cinquante lieux présentés comme « des avant-postes » de colonies dites sauvages. Or, la résolution 2334 adoptée avec la bénédiction de l’administration Obama est nette. Elle affirme que l’implantation des colonies « constitue une violation flagrante du droit international et un obstacle majeur à la mise en œuvre de la solution à deux États et à l’instauration d’une paix totale, juste et durable ». Elle demande en conséquence aux autorités israéliennes « de cesser immédiatement et complètement toute activité de colonisation dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est, et de respecter toutes leurs obligations légales dans ce domaine ». Ces résolutions ne seront pas respectées sans pression internationale, sans un mouvement populaire international large, déterminé et puissant. On a vu combien le gouvernement israélien, sûr de sa force et de son impunité, avec l’appui de certains gouvernements des pays occidentaux, se contrefiche des textes, des parlotes et des conférences réclamant simplement le respect du droit international. Il agit, de surcroît, à l’ombre des drames du Proche et du Moyen-Orient de Syrie, d’Irak, du Yémen et se sert de l’omniprésence des fanatiques guerriers de l’« État islamique » pour justifier la répression et l’occupation de la Palestine. Or, c’est la non-reconnaissance de la Palestine qui est l’une des causes des ressentiments du monde arabe. Il faut donc maintenant des actes clairs !
L’attitude des États-Unis au Conseil de sécurité a été courageuse, comme le discours de John Kerry. Mais ces propos ne peuvent être crédibles tant que des pays occidentaux offriront par brassées à Israël les armes servant à bombarder les enfants de Gaza et à maintenir la Cisjordanie sous le féroce joug de l’occupant. Certes, l’Union européenne finance des infrastructures en Palestine, mais elle les laisse détruire par les bombardements israéliens comme si de rien n’était. Forte de plusieurs résolutions du Parlement européen et de plusieurs conclusions du Conseil européen, elle doit, avec le renfort de la force juridique de la déclaration 2334, franchir une autre étape : celle des sanctions. La voie est déjà ouverte avec l’obligation de l’étiquetage des produits provenant des colonies. Il faut maintenant une grande campagne populaire européenne pour dénoncer l’accord d’association Union européenne-Israël. Une telle décision pourrait vite avoir des effets. On se souvient à quel point les sanctions ont permis de mettre fin au régime d’apartheid en Afrique du Sud, dont il faut rappeler que le prisonnier N. Mandela était tout autant qualifié de « terroriste » que l’est Marwan Barghouti aujourd’hui.
Oui, il faut maintenant passer aux actes pour réparer cette terrible injustice de l’histoire. Le peuple israélien en serait aussi le premier bénéficiaire tant pour sa sécurité que pour son nouveau rôle dans la région.
Dans ce contexte, un acte de reconnaissance de la Palestine par la France aurait une grande signification politique et morale. Il rencontrerait des aspirations profondes inscrites au tréfonds des cœurs des peuples arabes, de tous les démocrates et des partisans d’une paix juste et durable.
Que M. François Hollande produise cet acte maintenant ! Et ça comptera pour la France, le monde et la paix !